La communauté internationale doit rapidement accroître ses efforts pour contenir le COVID-19
Cet article publié aujourd’hui dans la revue The Lancet résume la situation internationale depuis février, après la première phase de l’épidémie en Chine, et les principales différences entre les stratégies nationales de contrôle du virus. Les auteurs insistent sur le besoin pour tous les pays du monde d’accroître leur réponse à cette crise, et conseillent une stratégie différenciée selon la phase dans laquelle chaque pays se trouve :
Dans la phase pré-épidémique (pas ou très peu de cas identifiés), les mesures gouvernementales doivent se concentrer sur une détection proactive du virus en testant tous les cas de pneumonies atypiques et d’infections respiratoires aigües. Il est également crucial de retracer tous les contacts récents des cas identifiés pour ne pas laisser l’épidémie « s’échapper ».
Les pays dans lesquels la phase épidémique a déjà commencé doivent se concentrer sur l’implémentation de mesures – inévitablement impopulaires – de restriction des mobilités et des interactions sociales, de confinement préventif, et de quarantaine systématique des infections ; tout en prolongeant les efforts de détection des cas et de traçage des contacts.
Les auteurs considèrent que tous les pays, quelle que soit la phase dans laquelle ils se situent, devraient activer le niveau le plus élevé d’urgence épidémiologique prévu par leur système de santé, et essayer de prédire au mieux la demande en ressources humaines et financières, en matériel médical, et en médicaments dans les semaines et mois à venir. De plus, ils soulignent l’efficacité des mesures mises en place dans deux pays voisins de la Chine : la Corée du Sud, et Singapour.
Corée du Sud
Selon les auteurs, la stratégie sud-coréenne a permis au pays de reprendre le contrôle sur un début de seconde épidémie le 11 mars, par une application immédiate des principes détaillés ci-dessus, combinée à l’usage du traçage numérique pour identifier les nouveaux cas. Toutefois, une nouvelle augmentation des cas confirmés le 19 mars laisse penser que l’épidémie n’est peut-être pas encore totalement sous contrôle :
Singapour
Contrairement à quasiment tous les autres pays dans lesquels l’épidémie a pleinement démarré, Singapour est parvenue à stopper une croissance exponentielle de la propagation sans mesure de confinement, comme l’explique l’un des deux auteurs dans un autre article publié en parallèle sur le site The Conversation. En cause, selon lui :
une meilleure préparation du pays suite à l’épidémie de SRAS de 2002-2003 ;
une maximisation des efforts d’identification du coronavirus (Singapour a réalisé tellement de tests que 99 % d’entre eux étaient négatifs) ;
un contrôle intensif de la transmission locale (traçage des contacts) ;
un placement en quarantaine à l’hôpital (et non chez eux) de tous les individus testés positifs et symptomatiques ;
une quarantaine à domicile des cas non symptomatiques, contrôlée par géolocalisation des téléphones portables ;
une communication intensive sur la distanciation sociale et les gestes barrières.
Cependant, comme pour la Corée du Sud, les tout derniers chiffres annoncés par Singapour montrent une hausse soudaine du nombre de cas pour la journée du 19 mars :
Dans ces deux cas, bien que ces mesures aient de toute évidence permis de garder le nombre de cas dans des proportions plus contrôlées que dans des pays comme l’Iran ou l’Italie, il semble impératif d’attendre davantage pour assurer avec certitude que ces stratégies ont permis un contrôle total de l’épidémie dans ces pays.
Article original
The global community needs to swiftly ramp up the response to contain COVID-19
Auteurs
Dale Fisher, Annelies Wilder-Smith