Stabilité du SARS-CoV-2 dans l’air et sur les surfaces
Cet article, coécrit par des chercheurs américains et publié le 17 mars, donne les résultats des premiers tests de stabilité du virus SARS-CoV-2 (causant la maladie COVID-19) sur différentes surfaces et dans l’air. Jusqu’alors, les chiffres qui circulaient dans les médias provenaient d’études précédentes qui avaient testé la survie du SARS-CoV-1, « l’autre » coronavirus à l’origine de l’épidémie de 2002-2004.
Bien que les deux virus soient similaires, ces nouveaux tests ont donc vraiment été réalisés sur celui à l’origine de la pandémie actuelle, et décrivent donc mieux les risques de transmission dans la période qui nous concerne. Les résultats de l’étude listent la demi-vie et le temps maximum de survie du virus dans 5 milieux différents :
Quelques explications sont nécessaires pour bien comprendre ces résultats.
Demi-vie
La « demi-vie » correspond au temps estimé pour que la moitié des particules déposées sur une surface deviennent inactives. Un morceau de carton contaminé sera donc moitié moins infectieux au bout d’un temps compris entre 2 heures 20 minutes, et 5 heures. Pour autant, il n’est pas possible de simplement multiplier ce temps par deux pour avoir la certitude que le virus aura totalement disparu de la surface : la probabilité de survie décroît en effet avec le temps, mais les toutes dernières particules peuvent mettre bien plus que le double de la demi-vie pour complètement disparaître.
Temps maximum
C’est pourquoi le temps maximum est le résultat qui a été le plus relayé par les médias ces derniers jours. Il correspond au temps le plus long après lequel une quantité encore mesurable de virus a été relevée par les chercheurs sur chaque surface. Pour le plastique par exemple, avec une demi-vie estimée entre 5h37 et 8h10, il est très probable que le virus ait globalement disparu de la surface après 1 ou 2 jours ; le fait de le retrouver après 72 heures relève de l’exception rare. Mais dans un contexte où toutes les précautions doivent être prises pour stopper la propagation, ces temps maximaux ont leur importance !
Survie dans l’air
Enfin, si l’idée d’un virus restant actif sur une surface est assez parlante, ce n’est pas forcément le cas d’une survie dans l’air. Dans ce contexte, ce qu’on appelle le milieu « aérosol » correspond à des particules minuscules, tellement légères qu’elles restent en suspension dans l’air.
Contrairement aux particules plus lourdes qui sont surtout éjectées en toussant ou en éternuant et retombent immédiatement, ces particules très légères peuvent être émises simplement par le fait de respirer ou de parler (une façon aisée de percevoir le phénomène : après plusieurs expirations en couvrant votre bouche avec votre main, cette dernière sera couverte d’une fine couche humide). En raison de cette suspension dans l’air, ces particules sont facilement transmissibles à d’autres individus, d’autant qu’elles peuvent être déplacées par des courants d’air naturels (vent) ou artificiels (ventilation, climatisation, etc.).
C’est également à cause de ces nuances dans la taille des particules qu’il est difficile d’obtenir un avis définitif sur la question de l’efficacité des tissus, écharpes, et autres protections à fabriquer chez soi. Ces masques, dont les mailles sont larges, peuvent bloquer les particules les plus grandes (postillons par exemple), ce qui est — comme le soulignent certains médecins — « toujours mieux que rien ». En revanche, une véritable protection nécessite un masque professionnel (N95, FFP, etc.) capable de filtrer des particules à l’échelle de quelques dizaines de nanomètres.
Article original
Aerosol and Surface Stability of SARS-CoV-2 as Compared with SARS-CoV-1
Auteurs
Neeltje van Doremalen, Trenton Bushmaker, Dylan H. Morris, Myndi G. Holbrook, Amandine Gamble, Brandi N. Williamson, Azaibi Tamin, Jennifer L. Harcourt, Natalie J. Thornburg, Susan I. Gerber, James O. Lloyd-Smith, Emmie de Wit, Vincent J. Munster