Comment les médecins et les systèmes de santé s’attaquent au coronavirus à travers le monde : focus sur l'Inde
Un article publié dans The BMJ par un groupe de chercheurs internationaux revient sur les efforts déployés par différents pays pour lutter contre la propagation du virus. Au milieu des cas les plus évoqués depuis un mois (Chine, Corée du Sud, Iran, Italie…), un pays se détache par le peu d’informations publiées à son sujet par les médias occidentaux, et l’absence d’articles scientifiques lui étant consacrés : l’Inde.
En janvier et février, la Chine a occupé le centre de la scène médiatique ; non seulement car elle était l’épicentre initial de l’épidémie, mais aussi en raison de son gigantisme démographique. Les décisions prises par le gouvernement chinois pour endiguer la propagation touchaient en effet pas moins de 1,43 milliard de personnes. Pourtant, l’Inde et ses 1,37 milliard d’habitants sont tout autant un "réservoir de population" dans lequel l’épidémie pourrait faire des ravages si elle venait à se propager.
Au moment de la rédaction de cet article, seuls 83 cas avaient été officiellement identifiés en Inde, et tous étaient des voyageurs venant de zones à risque ou ayant été en contact avec des cas confirmés à l’étranger. Toutefois, selon les auteurs, les quelques laboratoires indiens (52 pour tout le pays) capables d'effectuer des tests COVID-19 ne contrôlaient que les voyageurs entrant dans le pays, laissant penser que des transmissions locales non détectées étaient tout à fait possibles.
Comme le pressentaient les auteurs de l’article, les chiffres officiels publiés depuis par l’Inde indiquent un nombre de tests extrêmement faible. Seuls 11 tests par million d’habitants ont été effectués pour l’instant, plaçant l’Inde très loin derrière tous les pays lourdement touchés par l’épidémie, y compris ceux où la rareté des tests fait débat dans l’opinion publique (Japon : 118 tests par million ; États-Unis : 314 ; France : 559).
Encore plus que pour les autres pays inclus dans leur étude, les auteurs soulignent la dangerosité d’une épidémie en Inde, en raison de l’incapacité du système de santé national à supporter un afflux massif de malades dans les hôpitaux. La moyenne de lits d’hôpitaux par habitant y est en effet bien plus basse que dans tous les autres pays largement touchés jusqu’ici, à l’exception de l’Iran.
Anticipant une possible catastrophe, le gouvernement indien a pris l’initiative d’annuler tous les visas pour les voyageurs entrants, et certains États ont fermé les lieux publics, cinémas, écoles, etc. Mais depuis la rédaction de l’article, l’épidémie semble s’être accélérée : au 21 mars, un total de 283 cas et 4 décès ont été confirmés par le gouvernement indien dans le pays, avec une multiplication du total des cas par 3 sur la dernière semaine. Et la propagation semble avoir véritablement commencé dans certaines régions, comme le Maharashtra (État de Mumbai) où 31 nouveaux cas ont été identifiés en sept jours.
Article original
Covid-19: how doctors and healthcare systems are tackling coronavirus worldwide
Auteurs
Janice Hopkins Tanne, Erika Hayasaki, Mark Zastrow, Priyanka Pulla, Paul Smith, Acer Garcia Rada